Des résultats spectaculaires
Jusqu’en 2019 : une érosion dramatique
Le littoral de Casamance est gravement touché par l’érosion. Le premier programme de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) financé par l’Agence Mondiale contre le Changement Climatique (AMCC+) de 2010 à 2014 a produit un Plan Local GIZC de l’île de Diogué annonçant un travail de lutte contre l’érosion.
Pourtant la situation s’étant dégradée depuis 2014 il fallait agir sans attendre. En novembre 2019, nous avons donc, avec nos propres moyens, expérimenté le Système d’Épis Maltais Savard (SEMS) bien connu au plan international mais ignoré au Sénégal.
Dès novembre 2019 cette solution mise en oeuvre devant le camp militaire s’est révélée excellente pour ce contexte. Voyons en détail le bilan que nous pouvons en tirer en août 2021, après 20 mois de travaux et de suivi (réalisé à distance en raison de la pandémie).
Le pdf de ce document est téléchargeable dans la rubrique Document/érosion.
L’île de Diogué, à l’entrée nord de l’estuaire est particulièrement touchée par l’érosion. Les activités de débarquement du poisson et de transformation s’étendant sur plus d’un km y sont mises en péril.
Ce site a donc été choisi en novembre 2019 pour première expérience. Après évaluation, en février 2020 nous avons réalisé un deuxième ouvrage. En février 2021 un premier transfert a été mené à Ehidj et Wendaye grâce au soutien du programme SSPI (ONG SMILO – Fonds Français pour l’Environnement Mondial) et du Conservatoire du Littoral.
Un projet de mise à l’échelle est aujourd’hui proposé pour l’ensemble de la Casamance et pour le Sine Saloum et la Petite Côte dont les conditions (sédiment, courants) sont proches de celles de la Casamance. Ce projet est téléchargeable ici.
En février 2019 un repérage des sites vulnérables à l’érosion a été effectué bénévolement par nous-mêmes avec les habitants de Diogué et de Niomoune. Ce repérage montrait que la plage du sud de Diogué était particulièrement sensible (consulter ce repérage des sites vulnérables ici)
Il était remarquable que le trait de côte y avait reculé de près de 100 mètres entre 2006 et 2019. Ci-dessous : la photo sur Google Earth de 2006, ligne ligne jaune représentant le trait de côte actuel relevée aussi sur Google Earth en 2019).
Fin 2019 – espoir à l’est, au niveau du camp militaire
Qu’on en juge sur la carte Google earth grâce au relevé GPS effectué le 5 août 2021. Cette carte représente la pointe est (à droite sur la photo de la page précédente). En jaune le trait de côte en 2013, en rouge le trait de côte de 2019. En bleu le nouveau trait de côte relevé le 5 août 2021 et qui résulte des travaux réalisés avec les habitants depuis novembre 2019.
En novembre 2019 nous avons construit avec les habitants (dirigés par M. Souleymane NDIAYE) un premier épi de 13 mètres de long ( En vert sur la photo) avec deux fois deux ailes. Nous avons effectué grâce au Directeur de l’école de Diogué M. Lamine SAGNA et son adjoint M. Gilbert BASSENE) des mesures des hauteurs de sable sur 13 piquets et les habitants l’ont entretenu et prolongé. Le 5 août nous avons consolidé ces ajouts et ajouté une aile à l’est .. L’épi actuel est en rose sur la photo.
Voici les mesures de hauteur de sable réalisées par les élèves et les instituteurs entre nov (bleu). et déc. 2019 (vert) puis la mesure actuelle (en marron) qui prend en compte des suppléments apportés par les habitants.
On voit bien sur cette photo aérienne ci-dessous le nouveau trait de côte qui a avancé de 20 mètres. L’herbe commence à pousser. On voit que au loin à l’est de l’épi le sable s’est davantage déposé comme on l’observe sur la photo précédente ou le trait bleu rejoint le trait jaune de 2006.
Sur la photo ci-dessous on distingue le premier épi en haut de plage sur 14 mètres et le renforcement que nous avons réalisé le 5 août avec l’aile à droite. On peut aussi distinguer les fins piquets situés à gauche et à droite à 15 et 30 mètre de l’épi afin de procéder à de nouvelles mesures. Les anciens piquets ne servent plus car ils sont au sec hors de la zone active. Ils ne dépasse maintenant que de 70 à 100 cm alors qu’ils mesuraient 2 mètres lorsque nous les avions placés fin 2019.
On voit aussi le camp militaire à droite. Il n’est que partiellement protégé et il est indispensable que les militaires érigent deux épis plus à droite afin de se protéger et de pouvoir replanter les filaos abattus par l’eau.
A l’ouest : sur la grande plage, 500 mètres de littoral préservés
A l’ouest, les 4 épis réalisés sur la grande plage ont permis de faire reculer la mer de 15 à 25 mètres sur une longueur de 500 mètres au moins. Ceci provient tout simplement d’une élévation du niveau de la plage grâce au sable déposé.
Cette vue Google Earth montre en jaune le trait de côte de 2006. En rouge le plus haut niveau des eaux. En orange le trait de côte en cas de marée haute de coefficient moyen en 2006 et en bleu le trait de côte actuel dans les mêmes conditions et résultant des 4 épis représentés en vert.
Ci-dessous, en venant du camp militaire on trouve le premier des 4 épis ouest (en sombre devant l’arbre mort). On voit l’avancée du sable dès le filet vert. La courbe du trait de côte se voit nettement ainsi que la marche qui marque la trace de la marée haute (coef. 70). Ce trait correspond à la partie droite de la courbe bleue qu’on observe à droite de la photo ci-dessus.
On avance de 100 mètres en se rapprochant du premier épi (en fait le pilote du drone à casquette verte recule vers cet épi). On voit, entre ce premier épi et le 2ème (derrière la pirogue bleue) que le sable est monté de 60 cm et forme un plateau régulier de plus de 20 mètres de large. L’arbre mort est désormais hors d’eau et les glacières qui étaient attaquées par le sel sont également à l’abri. Ce premier épi dont la partie droite et maintenant à l’abri (partie morte) demande à être restauré dans sa partie vive pour que l’effet se prolonge.
Ci-dessous, on passe le 1er épi et on arrive à l’arbre mort, et on voit que jusqu’au 2ème épi, qu’on aperçoit derrière la pirogue bleue et bien au-delà jusqu’au 3ème et quatrième, la plage est hors d’eau. Cette pirogue bleue est maintenant au sec comme la pirogue noire au fond.
Ci dessous, voilà le 4ème épi, le plus à l’ouest qui est en cours de réfection. A droite on voit 15 mètres de piquets au sec (partie morte). On voit que la sable a monté davantage au fond vers l’ouest, sur une grande longueur, comme pour l’épi du camp militaire. Le trait de côte fait un virage vers la gauche et l’effet de l’épi se prolonge assez loin .. sur 50 m environ.
Ci-dessous voici ce 4ème épi, après une demi journée de travail, maintenant remis en état et prolongé avec deux ailes vers l’eau. On voit ici aussi le sable plus épais à gauche qu’à droite. On voit aussi, en haut, les 15 mètres de piquets au sec. Cette partie ne bougera plus sauf en cas de tempête. C’est pourquoi il faut continuer à avancer.
Avec cet épi remis à neuf nous comptons donc faire avancer la plage encore de 20 mètres supplémentaires grâce au dépôt de sédiment que nous provoquons tout simplement par le ralentissement du courant et la maîtrise du ressac.
Il reste encore quelques filets usagés qui avaient été utilisés par les habitants. Mais cette pratique est révolue. Tout sera débarrassé ! Ces filets n’auraient d’ailleurs jamais du pénétrer sur une zone de pêche ou de lutte contre l’érosion.
Ci-dessous les 4 compères de ce travail de 3 jours : Le vieux Souley (debout à droite), Gilbert Bassène (accroupi), Lamine Sagna le Directeur de l’école) et Paul Mactar Ndiaye un bénévole de ma belle famille qui nous a donné la main.
Ping : Action Erosion Diogué : vue d'ensemble - Iles-casamance %